Thierry Berthou finisher de l’AlpsMan xtrem iron
Thierry nous raconte cette performance en 16h03 min de course.
« Comme il me l’a été demandé et comme il est de coutume je vais vous faire partager du mieux possible mon ressenti.
2018 ma vie est un vrai tsunami…. eh oui encore une fois !! Problèmes de santé (opération du cœur au CHU de Toulouse et de l’oreille interne à Bordeaux), ma vie perso n’est pas au top loin de là, je me sens glisser lentement…..je suis au fond du sceau, rien ne va … je Nathalie qui m’aide, me fait remonter à la surface centimètres par centimètre, me comprend, m’écoute…. lors de mes longues nuits d’insomnie, je réfléchis, calcule, le sport comme souvent va être ma thérapie. Je cherche un défi à relever …. ce sera l’Alpsman, un ironman Xtrem ….
8 juin le réveil sonne à 2h30 : c’est parti pour une longue journée…. à 5h me voilà sur le bateau au milieu du lac d’Annecy et hop tout le monde a l’eau qui est à 16° environ.
5h35 Go la corne de brume sonne… le vent provoque des vagues et la « navigation » est difficile. En plus, il fait encore nuit. A mi-course : surprise je suis encore entouré de plusieurs nageurs ce qui est nouveau pour moi. Dernier virage, je sors de l’eau entouré d’une dizaine de triathlètes, je suis content de ma nage…eh oui !!
La transition est difficile et longue, il fait froid. Je pars pour 184 kms et 4500m de D+, mais je suis prêt. Pendant ma prépa j’ai écumé tous les cols de la région, j’en ai escaladé 31……
La 1 ère ascension débute au bout de 1 km de plat (le seul km plat d’ailleurs), puis ça s’enchaîne, le paysage est extraordinaire, je rattrape beaucoup de cyclistes, en haut du Semnoz j’aperçois le Mont Blanc somptueux, magnifique j’en prends plein les yeux, je suis bien. Les cols se suivent (7au total) ça commence à être dur mais je lâche rien. Je suis prêt tant psychologiquement que physiquement. Je plonge vers Annecy, j’en termine avec le vélo ….
Je regarde le chrono, sonner la cloche est impossible, je le savais depuis mon inscription.
On regrette rarement d’avoir osé, mais toujours de ne pas avoir essayé…
C’est parti pour le marathon, 1 tours de 12 kms + 1 de 6 kms +2 tours de 12 kms.
Je pars le long du lac, je découvre chaque mètre, je suis bien, il fait chaud mais ça va. Au bout du 4ème kilomètre, je tourne à droite, j’emprunte un petit sentier montant et surprise je suis en mode trail sur 6 kms …. Ma vitesse ralentit. Le trail je gère, j’ai fait plusieurs fois le Rey et les alentours comme la plupart des apprentis trailleurs du dimanche matin ….. je cours, je calcule, je pense à mes proches, je me bats, les kilomètres passent…
Il ne me reste plus qu’un tour de 12 kms, je commence à couiner, je suis dans le dur, Nathalie m’accompagne sur cette dernière boucle ça fait du bien. La dernière bosse, je décide de marcher … Plus que 7kms, je reprends rapidement la course, dernier ravitaillement il reste 3 kms. Je lâche le peu d’énergie qu’il me reste, j’ai presque fini et je suis bien. J’entends le speaker, je vois l’arche, les spectateurs applaudissent, je suis finisher, le marathon en 4h54. L’iron en 16h05…. peu importe le chrono, la place, je suis heureux, fier de moi…. à chacun son Everest (n’est-ce pas Jaja).
Un bénévole me met la médaille autour du cou, mais ma plus belle récompense n’est pas là, je cherche les regards de personnes connues qui m’ont épaulées, soutenus depuis des semaines et des semaines et tout le long du parcours. Je les vois enfin, je vais à leurs rencontres, Nathalie est là je suis heureux de la retrouver, cette course est un peu (beaucoup) la sienne, tout ce qu’elle a supporté est inimaginable et elle est encore là, puis je vois Alexia, des larmes envahissent mes yeux …. C’est la 1 ère fois que ma fille me suit sur une épreuve, je suis comblé. Je n’avais jamais entendu des « allez papa !!! », c’est magique… moi qui pensait saouler mes filles avec mon sport. Je vois qu’Alexia est fière de son papa et cela vaut tous les sons de cloche du monde…. Merci ma chérie.
Dédicace spéciale pour PH et merci à tous pour vos encouragements et vos commentaires très sympas.
Embrunman, Alpsman c’est bon ça…. Mais l’équilibre d’une vie ne tient pas à grand-chose …. A une rencontre parfois.
Préparer et participer à une épreuve comme l’Alpsman est impossible si on n’est pas bien entouré…… en ce moment je le suis, MERCI Nathalie.
Maintenant place au sport plaisir, quelques trails et des entraînements montagnes au Rey le dimanche matin avec les « pseudos machines » locales….
Je sais d’où je viens, je sais enfin où je vais …. Et je finirai par une phrase que mon pote Jacques a cité un jour :
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait »
Merci »